L’équipe et le challenge
Depuis longtemps dans la liste des défis à réaliser, cette année sera la bonne pour Mathieu et moi. Julien déjà finisher officiel du défi en moins de 24h, en profitera pour admirer les paysages qu’il avait seulement pu deviner de nuit en 2021.
Car oui, boucler le tour de 350 km et 10000m de dénivelé en moins de 24h représente un tout autre challenge. Finir en moins de 48h n’est déjà pas une mince affaire à laquelle on va s’attaquer.
Le défi des 7 majeurs a été imaginé par l’association Cyclosportissimo et consiste à grimper 7 cols à plus de 2000m d’altitude : Izoard, Agnel, Sampeyre, Fauniera, Lombarde, Cime de la Bonnette et Vars.
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Par où commencer les 7 majeurs ?
Briançon et Guillestre sont souvent des villes de choix pour débuter ce défi qui peut être réalisé dans les deux sens. L’état des routes des cols italiens est cependant plus agréable lorsque la boucle est réalisée dans le sens horaire.
Toujours dans l’optique de limiter notre impact carbone au quotidien et encore plus quand il s’agit des loisirs, nous préférons le train à la voiture.
Nous débuterons donc notre périple à partir de la gare de Saint-Michel-de-Maurienne, située à moins de 2h00 de notre atelier.
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La tête dans les nuages
On s’imagine souvent l’ascension des grands cols sous un soleil éclatant. En ce lundi matin, l’humidité laissée par les pluies de la veille nous tiendra au frais jusqu’au sommet du Galibier.
Les jambes sont fraîches comme la température ambiante, on nous promet une belle vue au sommet mais on a de la peine à y croire.
Le sommet arrive sans encombres et aussi sans vu sur les sommets alentours. Dommage!
La descente sur le Lautaret s’annonce plus ensoleillée grâce au vent qui chasse les nuages. On s’empresse alors de plonger dans la descente pour bénéficier des premiers rayons et d’une vue incroyable sur la vallée en direction de Briançon.
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Le premier des 7 majeurs
L’arrivée à Briançon est l’occasion de se ravitailler avant de se lancer dans la prochaine ascension. Cette fois-ci le soleil est bien présent et il pèse sur nos organismes en pleine digestion.
Heureusement, une légère descente vallonnée nous attend après les premiers lacets. L’occasion de se refaire un peu et de profiter du courant d’air généré par l’inversion de la pente.
Après avoir traversé le dernier village plongé dans un soleil brûlant, les forêts de pins nous tendent les bras avec de jolies épingles et un soupçon de fraîcheur.
Les sous bois verdoyants laissent place aux pierriers avec les derniers lacets pour rejoindre le deuxième sommet de la journée. Les jambes s’alourdissent peu à peu et nous rappellent à quel point la montagne est difficile.
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Direction l’Italie
L’ascension du col Agnel est entièrement dépourvu de forêt. De nombreuses fontaines ponctuent le début de la montée nous offrant ainsi la possibilité de se rafraîchir sous ce soleil de plomb.
Encore une fois, une section relativement plate coupe en deux l’ascension. Après la forte chaleur, le vent et les nuages nous refroidissent sacrément dans la deuxième partie qui est bien raide.
Un refuge à deux kilomètres du sommet me sauve d’une hypoglycémie attrapée quelques centaines de mètres en aval. De quoi finir correctement cette dernière montée de la journée et profiter d’une belle vue au sommet.
Place maintenant à une descente extraordinaire, dont on peut presque voir tous les lacets depuis le sommet. Un vrai régal !
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Le jour le plus dur !
Après une bonne récupération à l’hôtel où l’on profite de la gastronomie italienne, le pied de la prochaine montée se situe juste de l’autre côté de la route.
Il faut vite se remettre dans le bain pour s’attaquer à une route qui grimpe constamment à 9% pendant 14 kilomètres. L’alternance de forêts de pins et d’alpages sous la lueur du soleil levant, soulage un peu la difficulté.
Fort de notre erreur de la veille sur la gestion de l’alimentation, nous nous efforçons d’être plus attentif aux réserves de chacun.
La descente de Sampeyre, d’abord vertigineuse et sauvage, nous emmène ensuite dans une vallée étroite dont a du mal à deviner le fond.
Après un court passage dans les gorges de la vallée encore à l’ombre, il est temps de s’attaquer au colle de Fauniera. A l’image de Sampeyre, la route très étroite serpente dans les forêts entrecoupées par de petits près avant de finir complètement dans les alpages.
La fatigue de la veille pousse chacun d’entre nous à rouler à notre rythme, surtout dans les murs à plus de 10% ou 15% ponctués de portions en chemin.
Midi sonne l’arrivée au sommet de la Fauniera, face à la statue de Marco Pantani. La descente habituelle en travaux, implique un détour de 35 kilomètres avec en prime 300m de dénivelé positif en plus. La descente alternative, bien que dégradée sur sa partie haute, offre un panorama incroyable et très sauvage.
Après cette longue transition, il restera « plus que » la Lombarde à franchir.
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La Lombarde
La chaleur qui s’échappe du bitume, ne fait qu’amplifier celle en provenance du soleil qui est abandonné de tout nuage. Un arrêt glace et soda avant d’entamer la dernière ascension du jour devient obligatoire.
Les premiers kilomètres évoquent vaguement les lacets de Montvernier. Ensuite, de longues lignes droites pentues et exposées au soleil contrastent avec le début sympa en sous bois.
Après une belle série d’épingles, une nouvelle vallée s’ouvre à nous et laisse planer le doute sur la suite du parcours. Le village de Santa-Anna perché sur le versant droit attire notre regard bien que la route nous emmène au final sur le versant opposé.
Commence alors une nouvelle montée raide à l’abri du soleil dans une jolie forêt aux sous bois enherbés. Au moment où la forêt s’estompe, les derniers kilomètres se profilent sur un plateau vallonné dont on peine à voir le bout.
Le troisième et dernier sommet de la journée se laisse enfin apprivoiser. La vue sur la station d’Isola 2000, la suite de notre parcours, n’a rien à voir avec le côté Italien qui lui est sauvage et magnifique.
La descente dans la vallée de la Tinée puis la remontée jusqu’au pied de la Bonnette, clôtureront notre jour le plus long avec 5100m d’ascension !
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Fin des 7 majeurs : retour à la maison
Après une soirée riche en calories et une nuit courte mais réparatrice, le réveil sonne à 5h00 avec un taboulé en boîte que l’on a du mal à avaler en guise de petit déjeuner.
L’ascension de la Cime de la Bonnette à la fraîche et sur une route quasi déserte, lance la journée de la meilleure des façons. Après une très belle descente ponctuée malheureusement d’une crevaison, on retrouve Fabien à Guillestre qui nous accompagnera jusqu’au col de Vars.
Habitués aux ascensions de plus de 20 kilomètres de ces derniers jours, la montée jusqu’à Vars de « seulement » 12 kilomètres ne nous impressionne plus. Alors que Fabien et Julien prennent vite de l’avance sur Mathieu et moi, de notre côté on s’offre le luxe de se tirer la bourre avec quelques cyclistes italiens. Cette pseudo compétition nous fera finalement arrivés tous les quatre ensemble au sommet.
Dans un coin de notre tête, l’heure du dernier train au départ de Saint-Michel-de-Maurienne, nous pousse à être efficace autant sur le vélo que dans la gestion de nos arrêts.
La portion de route de Guillestre à Briançon est sans surprise la moins intéressante du parcours même si Julien a essayé d’éviter un maximum les grosses routes. Une fois Briançon derrière nous, les 7 majeurs sont bouclés, il nous reste à rejoindre la gare dans les temps. Au menu, Lautaret, Galibier et Télégraphe que nous franchissons sans encombres sous un beau soleil!
Arrivé avec un peu plus d’une heure d’avance sur le départ du train, un repas à base de quelques courses improvisées nous permet de « célébrer » cette aventure.